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La Palabre Malouine

Le confinement

Je reste chez moi car c'est comme ça que je peux lutter contre la maladie !

Je reste chez moi car c'est ainsi que je peux me protéger et protéger les autres.

Je reste chez moi car je veux vite voir mes amis en pleine forme dans quelques semaines.

Et tant pis si j'ai l'impression de tourner en rond, je réapprends à connaitre mes enfants, à passer des moments merveilleux avec eux. Oui j'ai envie de ne prendre que ce qui est positif dans ces périodes sombres.

Je rends grâce au Seigneur de ne pas être malade et prions pour ceux qui sont malades, pour ceux qui font que le monde est encore debout (médecins, infirmiers, caissiers, chauffeurs, boulangers, agriculteurs), et toutes les petites mains qui œuvrent pour éradiquer ce mal.

D'entendre tous les matins ma fille de quatre ans qui ouvre la porte en chantant : "c'est la fête aux câlins !"

De pouvoir faire des prières pour le monde main dans la main et se rendre compte que ces petits êtres sont conscients du malheur que traverse le monde, mais ils ont décidé d'être heureux.

Je suis confinée mais je reste positive et j'ai envie d’inonder le monde de joie.

Mais avant d'aller plus loin j'aimerais vous dire pourquoi je suis dans cet état de grâce.

Il y a huit ans, j'étais confinée mais pas par un virus tout minuscule qui ébranle toute la Terre.

Il a huit ans, j'étais confinée avec la peur au ventre. Mon confinement d'aujourd'hui est bien plus apaisant !

Il y a huit ans, nous vivions dans un des pays les plus démocrates d’Afrique, le Mali. Nous y avions passé de très bons moments. Le Mali était à cette époque un pays de fête, de culture, et de merveilleux gens heureux et généreux. La politique du pays était bancale mais les gens étaient heureux de vivre.

Nous y étions bien accueillis, et même aujourd'hui que le pays est divisé vous y serez bien accueillis.

Vous me direz bien "où elle veut en venir ?"

Je veux juste vous dire que je suis reconnaissante de ne pas être confinée avec la peur qu'une balle explose la vitre de ma maison et ne m'atteigne.

J'étais confinée, il y a huit ans, avec un petit garçon de six mois dans les bras, je priais le Seigneur qu'il ne pleure pas, pour que l'on ne sache pas qu'il y avait quelqu'un dans la maison.

J'étais confinée car un groupe d'hommes avait décidé de renverser le pouvoir. Oui bien sûr un coup d'état !

Lorsque tu te couches tranquillement et qu'au milieu de la nuit tu entends un énorme boum !

Le premier te semble un bruit sourd d'un accident ou d'un gros pétard, mais quelques minutes plus tard tu entends un deuxième boum plus gros accompagné de pétarades !

Le cerveau réalise qu'une catastrophe est en train de se produire, tu cherches un endroit où tu peux te planquer avec ta famille, car en une nano-seconde tu te rends compte que ta maison est faite de portes et de fenêtres en vitre pour plus de lumière.

A partir de cet instant même, tu pries que ça s'arrête, pour que ce brouhaha s'estompe, pour que tu puisses fuir vers un pays libre. Mais tu te précipites sur la télé qui te dit que tu es en train de vivre un coup d'état, à partir de demain plus de média, et les frontières sont fermées dès maintenant.

C'est là que commence ton confinement ! Celui que tu ne t'attendais pas ! Celui qui te fera perdre espoir en l'homme et prendre conscience de son pouvoir destructeur.

J'ai peut-être peur du coronavirus, mais la bêtise humaine a fait plus de mal ces dernières années.

Entre les guerres, les coup d'états, les famines, les déforestations, les terrorismes, j'éviterai de noircir le tableau mais l'homme a dévasté tout ce que mère nature lui a offert pour être en harmonie avec notre planète.

Ces derniers jours, sans le savoir, nous avons offert à notre planète quelques années de survie, en restant chez nous.

Nous avons tous ressorti cette humanité qui se cache au fond de nous, pour aussi aider nos semblables à sauver des vies, chacun à sa manière a mis une pierre à l'édifice.

Aujourd'hui je suis confinée mais libre d'inventer le printemps dans ma vie, dans la vie de ma famille.

Je peux danser avec mes enfants, cuisiner avec eux, sentir leurs cœurs battre la chamade, inventer des histoires avec eux. En temps normal, je n'ai pas le temps, je me lève à trois ou quatre heures du matin, et ils arrivent les premiers à l'école, je les récupère le soir, c'est devoirs, bains, dîner, histoire, dodo.

Donc merci samedi et dimanche d'exister...

Je ne suis pas la seule dans cette situation, nous sommes tous aujourd'hui en train de réapprendre à prendre du temps pour notre famille, notre voisinage, nos amis.

Alors restons chez nous car il arrive rarement que la cadence mondiale prenne un coup de frein astronomique !

Restons soudés, solidaires, et surtout protégeons-nous et protégeons les autres.

 

Fatou Kama Favre

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